Le vraquier Wakashio échoué au sud-est de Maurice

Alors que Maurice est en pleine gestion de la crise sanitaire et économique entraînée par la pandémie du Covid-19, le pays se voit confronté à une catastrophe écologique tout aussi inédite après l’échouage du vraquier Wakashio près de Pointe-d’Esny, au sud-est de l’île, le 25 juillet dernier.


Appartenant à un armateur japonais et battant pavillon panaméen, le navire transportait 200 tonnes de diesel et 3800 tonnes d’huile lourde. Un communiqué émanant du ministère mauricien de l’Environnement indiquait avoir été informé jeudi de l’existence d’une « fissure dans le navire MV Wakashio » et d’une « fuite d’hydrocarbures ».
Selon les autorités mauriciennes, qui évoquent une « crise environnementale », toutes les tentatives pour stabiliser le navire ont échoué en raison des mauvaises conditions en mer. De plus, les efforts pour pomper les hydrocarbures n’ont pas été concluants.

Maurice a sollicité l’aide internationale pour faire face à la lutte contre la marée noire qui nécessite un savoir-faire particulier. Outre l’aide apportée dans un premier temps par l’Afrique du Sud et l’Inde, la France a également répondu à la demande d’aide des autorités mauriciennes pour tenter de maîtriser l’écoulement d’hydrocarbures du vraquier échoué.
« Le naufrage du #Wakashio représente un danger pour l’île Maurice. Notre pays n’a pas les compétences et l’expertise pour le renflouage des navires échoués, c’est ainsi que j’ai sollicité l’aide de la #France à @EmmanuelMacron », lit-on dans un tweet du PM mauricien.
« Lorsque la biodiversité est en péril, il y a urgence d’agir. La France est là. Aux côtés du peuple mauricien. Vous pouvez compter sur notre soutien cher @PKJugnauth. Nous déployons dès à présent des équipes et du matériel depuis La Réunion », a twitté de son côté Emmanuel Macron.

Dans un communiqué, la préfecture de la zone de défense et de sécurité du sud de l’océan Indien a indiqué que dès le samedi 8 août, « un avion tactique de transport militaire (Casa CN-235) transportant du matériel de lutte contre la pollution » a effectué deux rotations à destination de Maurice. « Un officier de liaison de la Marine nationale et le correspondant de la lutte contre une pollution maritime par hydrocarbures (Polmar) de La Réunion » étaient également présents à bord, « afin d’apporter leur expertise technique et opérationnelle aux autorités mauriciennes ».
Face à l’adversité, la solidarité nationale et internationale s’organise sur mer, sur terre et dans les airs.

Ils sont des citoyens anonymes, des bénévoles représentant des associations ou des ONG à rejoindre les initiatives privées, étrangères et celles des autorités mauriciennes pour la pollution de cette zone maritime protégée qui comprend le parc marin de Blue Bay.
Depuis quelques jours, tous les efforts se conjuguent dans un élan de solidarité que le pays n’avait pas connu depuis très longtemps. Trop même.
Aux centaines de petites mains qui fabriquent des bouées avec de la bagasse (résidu fibreux de la canne à sucre après l’extraction du suc) pour contenir la nappe d’hydrocarbures, aux dons de cheveux qui sont ensuite placés dans des filets pour absorber le pétrole brut, s’ajoutent les opérations de nettoyage des mangroves et du littoral.
« C’est une solidarité extraordinaire sur le terrain. Je ressens une émotion intense quand je vois cette île Maurice soudée face aux menaces de la marée noire », avoue Mitra accompagnée de sa fille Smera et de sa copine Sylvie. « Pourquoi attendre de telles situations pour montrer notre vraie richesse, notre vraie force, cette belle énergie qui nous unit ? »
Une initiative technologique s’est également greffée au soutien humain.
Tony Lee a lancé l’application, anAngel.mu, avec comme objectif de coordonner les actions menées pour contrecarrer les effets dévastateurs de la marée noire. Comme bien d’autres bénévoles, Sanju Deenapanray, consultant en développement durable, soutient cette initiative citoyenne.

Le temps presse. Le moment est à la mobilisation nationale. Le peuple doit agir pour sauver cet écosystème marin déjà fragile.
Jadis le théâtre de batailles navales, les côtes de Mahébourg sont de nouveau menacées. Face à l’urgence écologique, l’angoisse des habitants des côtes touchées et celle des pêcheurs qui voient leur « mer » nourricière en danger, l’éveil de toute une nation donne du baume au cœur.
Dans cette course contre la montre, le peuple mauricien poursuit sa mobilisation contre vents et marées comme enn sel lepep enne sel nation (un seul peuple, une seule nation), loin des slogans creux de la politique politicienne.
Ce qui nous rappelle qu’en démocratie, le peuple a non seulement son mot à dire, mais il a surtout le devoir d’agir dans le respect des lois et de tous les citoyens.
“Ask not what your country can do for you; ask what you can do for your country.”
Cette citation de John F. Kennedy sied parfaitement à ce qui se passe à Maurice.
Que cette solidarité nationale soit durable !
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Anuradha

Une pensée sur “L’île Maurice face à une menace écologique : Marée humaine v/s marée noire”

  1. Excellent état des lieux. Je forme le même vœu conclusif en espérant qu’une Commission d’enquête digne de ce nom fasse la lumière sur ce funeste événement.

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