L’affaire du Wakashio et la crise écologique ont donné naissance à une dynamique populaire. Elle a réveillé une population qui jusqu’à lors ne réagissait pas massivement et ouvertement en public. On la croyait endormie. Même si la peur contraint de nombreux Mauriciens à rester chez eux, ils soutiennent ce mouvement de protestation qui unit toutes les composantes de la société mauricienne.

Le gouvernement à qui ce message fort est adressé a choisi de se montrer indifférent, croyant peut-être que comme le mouvement des gilets jaunes en France, cette mobilisation populaire va s’essouffler dans le temps. D’où, l’urgence de maintenir la dynamique pour opérer les changements dont notre pays à a tellement besoin. Il est du devoir de devoir de protéger notre patrie pour que les jeunes aient envie de travailler pour elle et surtout d’y vivre.
C’est plus constructif de proposer une alternative au lieu de dire qu’on a honte d’être Mauricien. Si Dodo, le seul autochtone parmi nous tous, était vivant il serait choqué car la putréfaction de notre société qui provoque ce sentiment de dégoût légitime ne s’est pas faite en un jour, par un régime en particulier ou par une personne.
Nos ancêtres sont tous venus d’ailleurs soit comme esclaves, immigrés ou colons. Nous avons su apprendre à vivre ensemble. C’est ce que de nombreuses sociétés tentent de faire depuis des années. Nous sommes nés dans une société plurielle et nous savons apprécier la langue, la culture, la religion, les enseignements philosophiques, l’art et la musique de nos compatriotes.
Qu’on vive sur le sol mauricien ou qu’on fasse partie de cette belle diaspora mauricienne, nous sommes tous les enfants de Maurice.
Notre jeune démocratie est malade et il faut la soigner dans la durée pour que la maladie ne devienne pas chronique.
Il faut surtout veiller à ce que ce soulèvement populaire contre un système pourri ne soit pas remplacé par un autre qui attend derrière la porte pour retourner au pouvoir.
Sinon notre pays restera prisonnier du règne des dynasties.
Un renouveau exige un nouveau souffle, une nouvelle vision et surtout une nouvelle mentalité excluant le communautarisme, l’arithmétique ethnique et castéiste.
Maurice est une relativement jeune République qui a appris à se construire depuis son accession à l’indépendance, deux mois avant les manifestations de mai 68. Il a fallu d’abord jeter les bases pour un développement économique et commercial, pour mettre en place un système éducatif et de santé pour tous et trouver sa place sur l’échiquier régional et international.
C’était nécessaire car il fallait en priorité bâtir un pays après de longues périodes de colonisation.
Mais qu’en est-il de la construction d’une identité mauricienne ?
C’est étonnant que malgré notre richesse, nous n’ayons pas pu accorder nos violons sur la construction d’un centre culturel Morisyen. La construction de notre patrie s’est davantage faite au niveau littéraire. Mais resterons-nous au stade de patrie imaginée ou patrie imaginaire ?
52 ans après notre indépendance, notre société est toujours en quête de son identité. La cohésion nationale dépendra de notre identité mauricienne.
S’il est vrai que nous avons le kreol et le séga en partage ou que nous nous vantons de notre rougaille, mais comment se traduit vraiment As one nation, as one country ou apass me ho bhai bhai, bhai kaho bhai pyara, aissa hoga chalan hamara ?
Déjà nous sommes répertoriés comme Afro-Mauricien, Indo-Mauricien (regroupant les Hindous et les Musulmans originaires de l’Inde, bref enfants de coolies), Franco-Mauricien ou Sino-Mauricien (énuméré en ordre alphabétique). Le mot mauricien quand on nous identifie est en deuxième position, ce qui nous confère une identité d’abord raciale et religieuse. Toutes ces catégories exercent un pouvoir de lobby qui influence les nominations ou les projets de développement. C’est une autre chose que de le prouver.
Les Hindous sont à leur tour divisés en caste. Chacune d’entre elles a sa propre fédération ou association culturelle servant souvent de bank vote pour tous les partis politiques.
Bien évidemment les politiciens sont devenus des experts en calculs communal et castéiste pour remporter les élections. Tout le monde le sait et tout le monde se tait.
Selon ce système injuste et malsain, un Premier ministre doit être issu de la communauté indo-mauricienne, de la sous-catégorie hindoue et de la sous-sous-catégorie castéiste appelée Vaish.
La seule conclusion logique c’est que ce choix n’est guère déterminé par une envie de construire une identité mauricienne et encore moins de favoriser la compétence par rapport à une représentativité ethnique.
Ceux, qui élection après élection, perpétuent ce système inégalitaire et anti Mauricien (dans le sens de la citoyenneté), n’ont visiblement pas compris que le monde a changé et que le peuple américain a élu Barack Obama comme président. Ils ont surtout oublié que Paul Bérenger a fait une exception à cette règle électorale désuète lors d’une alliance électorale en occupant le poste de Premier ministre du 30 septembre 2003 au 5 juillet 2005 !
Jusqu’au ras-le-bol.
L’appel du 12 septembre prochain sera un autre test de la détermination de la frange de la population qui a décidé de dire STOP ! Celle qui revendique les droits des enfants de la patrie. Notre patrie, Maurice.
Et la suite, on la découvrira au fil des semaines.


Pour le moment je vous conseille cet article de Nishan Degnarain (Forbes)qui fait un décryptage du volet légal de la catastrophe du Wakashio.

https://www.forbes.com/sites/nishandegnarain/2020/08/29/was-the-deliberate-sinking-of-the-oil-spill-vessel-wakashio-an-international-crime-heres-what-the-law-says/#158102a7ffb7

Une pensée sur “Au-delà de l’aspect politique !”

  1. Le Monde n’est pas prêt d’intégrer que ce n’est pas la Couleur de la peau qui compte mais les compétences, la volonté de progresser et d’avancer… les élections aux USA dans quelques jours vont se jouer sur sur cette question de couleur! … hélas on en connaît peut-être déjà l’issue?!

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